Comment la Chine remporte de plus en plus de contrats de construction grâce à l'initiative Belt and Road

C'est ce que révèle un nouveau rapport produit par l'Université Griffith de Brisbane, en Australie, en collaboration avec le Centre de finance et de développement verts du FISF, en Chine.

La BRI est une stratégie mondiale de développement économique et d’infrastructures lancée par la Chine il y a plus de dix ans (en 2013). Environ 150 pays ont signé des accords de coopération avec ce programme, en Asie, en Afrique, en Europe, en Amérique latine et dans le Pacifique.

Le rapport révèle que l'année 2024 a été marquée par l'engagement le plus élevé de la BRI à ce jour, avec des contrats de construction d'une valeur de 70,7 milliards de dollars et environ 51 milliards de dollars d'investissements.

La part de l’engagement chinois dans la BRI par le biais de la construction a augmenté à 58 % en 2024 par rapport à la part de l’engagement par le biais de l’investissement. C’est la première fois que l’engagement dans la construction augmente par rapport à l’investissement depuis 2021.

Image : Rapport d'investissement 2024 de l'initiative chinoise Belt and Road (BRI)

Les contrats de construction dans le cadre de la BRI sont généralement financés par des prêts accordés soit par des institutions financières chinoises, soit par les entrepreneurs eux-mêmes, soutenus par des garanties des gouvernements du pays hôte, impliquant parfois des ressources naturelles comme le pétrole, le gaz ou les minéraux.

Dans le même temps, le montant moyen des transactions pour les projets de construction dans le cadre de la BRI en 2024 était de 498 millions de dollars, selon le rapport. Il s'agit d'une augmentation par rapport aux 394 millions de dollars de 2023.

Le rapport indique que la moyenne a été faussée par quelques très gros contrats, comme un contrat de raffinerie de pétrole d'un milliard de dollars en Irak, et ce malgré le fait que la Chine a déclaré ces dernières années qu'elle voulait poursuivre des projets « petits mais beaux » à travers la BRI.

Changement d’orientation régionale

L’année dernière a également marqué un changement significatif dans l’orientation de la Chine en matière d’engagement dans le secteur de la construction.

Une augmentation de 102 % de l’engagement au Moyen-Orient a propulsé la région au rang de partenaire le plus important de la Chine, avec un engagement total de 39 milliards de dollars.

L’Afrique est tombée à la deuxième place avec un engagement d’une valeur de 29,2 milliards de dollars, ce qui représente une croissance de 34 % par rapport à l’année précédente.

L’engagement en Asie du Sud-Est a augmenté de 7 % pour atteindre 25,1 milliards de dollars. En revanche, il a chuté de 64 % en Asie du Sud.

Le pays avec le volume de construction le plus élevé en 2024 était l'Arabie saoudite, avec environ 18,9 milliards de dollars, contre 5,9 milliards de dollars en 2023. Il était suivi par l'Irak avec 9 milliards de dollars et le Libéria avec 3 milliards de dollars.

Les niveaux élevés de volume de construction d’installations de traitement en Arabie saoudite et en Irak ont également contribué à expliquer comment l’engagement pétrolier et gazier à travers la BRI a atteint des sommets records d’environ 24,3 milliards de dollars au cours de l’année.

Image : Rapport d'investissement 2024 de l'initiative chinoise Belt and Road (BRI)

La valeur des projets d’énergie « verte » (solaire et éolienne) et des projets de construction hydroélectrique en 2024 a augmenté à 10 milliards de dollars, contre 6,4 milliards de dollars l’année précédente.

L’engagement chinois dans les projets de transport, qui sont au cœur de la BRI depuis sa création, est resté stable à 15 milliards de dollars. Ce chiffre est presque exclusivement dû aux contrats de construction, selon le rapport. Mais il représente environ la moitié de ce qu’il était pendant les années de pointe de 2018 et 2019.

Au total, 72 pays à travers le monde ont participé à une forme ou une autre à la construction de la BRI en 2024.

Les entreprises chinoises qui ont joué un rôle majeur dans les projets de construction de la BRI en 2024 étaient PowerChina, China National Chemical Engineering et China Petroleum and Chemical (Sinopec).

L'auteur du rapport, le Dr Christoph Nedopil, a déclaré qu'une nouvelle expansion des contrats d'investissement et de construction de la BRI semblait possible en 2025.

Il a déclaré : « Nous nous attendons à ce que l'engagement chinois dans la BRI atteigne des niveaux similaires en 2025 et en 2024. Une partie de cette attente est motivée par le besoin croissant des acteurs nationaux chinois d'investir à l'étranger pour rechercher des opportunités dans d'autres pays.

« Conformément à nos prévisions précédentes, nous continuons de constater une augmentation du nombre de transactions. Avec un engagement fort dans les secteurs nécessitant des investissements importants (par exemple, l’exploitation minière et la fabrication), par rapport aux secteurs à engagement variable (par exemple, les énergies renouvelables), nous pouvons nous attendre à ce que la taille des transactions reste également plus importante qu’en 2022 et 2023, et peut-être par rapport à 2024. »

Engagement sectoriel dans la BRI au fil du temps (Image : Rapport d'investissement 2024 de l'Initiative Ceinture et Route (BRI) de la Chine)